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Cette lecture, dense, dure, froide, intense, tragique, orgiaque, onirique, obsessive, sexuelle, onanique, crue, anxiogène mais aussi méticuleuse dans les détails, sereine dans l’horreur et si réaliste, m’a laissé… étourdie, hébétée, avec un sentiment âcre et âpre. Un peu de temps m’a été nécessaire pour "réintégrer" ma vie normale, cela dit "normale" par rapport à quoi ! Immense travail de documentation où, sur le plan historique, j’ai beaucoup appris, n’ayant pas vraiment étudiée la partie "russe" de ce conflit, les différentes populations, les différents langages, dialectes, les accointances, les accords politiques, contraints ou non, entre les pays, régions, cultures… J’ai pourtant beaucoup lu sur cette période. J’ai plus d’une fois cru, pensé, que ce personnage avait véritablement existé et qu’il racontait vraiment ses mémoires, cela aussi a dû contribuer à me perturber… car je m’implique toujours totalement dans les personnages, donc je vis, ressens ce qu’ils peuvent vivre, ressentir… que ce soit en "bien" ou en "mal" ! Cet homme, cultivé, intelligent, instruit va pourtant participer, côtoyer les pires horreurs, tout en restant dans ses certitudes, convaincu que tout est juste, normal et devant être accompli, pour la grandeur de sa "race", connaît-il seulement ses propres motivations, on a parfois la sensation qu’il s’agit d’un opportuniste, qui navigue là où le vent le pousse… Pourtant il sera, en permanence, tiraillé par une forme de conscience, de morale, d’éthique l’alertant que, peut-être, tout n’est pas forcément binaire, ce qui le rend complexe dans sa psychologie. Une forme de somatisation et de rejet inconscient va se développer, par "l’expulsion" vomitifs et diarrhéiques dont il souffrira. Il cherchera pourtant, en permanence, à s’absoudre de tout, à rester "extérieur" à ce qui se passe, à une "non action", hormis certains moments imposés, à ne pas se justifier, à ne pas rendre de compte, ce qui le conduira à un comportement névrotique. On appréhende bien cet aspect ordinaire des bourreaux, victimes ensuite, et vice-versa, car effectivement qui peut dire qu’il ne sera jamais l’un ou l’autre, chaque humain mis face à une situation extraordinaire, imposée par un système (surtout si on y adhère) et quel qu’il soit, peut-il être sûr qu’il ne sera pas ce "monstre" d’un moment, car seul l’Homme en est responsable. Et le "mal", banalisé dans le roman, n’est le "mal" que du point de vue des vainqueurs. Un rappel pour nous souvenir qu’il n’y a qu’une seule Humanité. Les seuls moments où je me suis un peu ennuyée, ont été ces pages où l’auteur décrit les rêves, les cauchemars du personnage (ses fantasmes sexuels), les moments où le personnage sombre dans une forme de délire, de transe, de folie (liée certainement aussi à l'amour inconditionnel et incestueux qu'il porte à sa sœur et qui n'est plus partagé, en tout cas pas sur le même plan). L’écriture reste toujours extrêmement forte et précise.
Oriane - Le 12 septembre 2020 à 14:05